La digitalisation du Suivi & Évaluation du potentiel de réduction des émissions de Gaz à effet de Serre (GES) et de la séquestration du carbone mis en place par le PIF

Si nous ne pouvons pas le mesurer, nous ne pouvons pas l’améliorer, déclare M. Anass Toudert Consultant international à la FAO responsable de la mise en place du Système.

L’agriculture, la forêt et le changement d’affectation des terres (AFAT, ou AFOLU en anglais) constituent des sources importantes de Gaz à Effets de Serre (GES), contribuant à hauteur de 24% des émissions totales ou encore 10-12 Gt d’équivalent-CO2 par an. Le potentiel d’atténuation du changement climatique pour ce secteur est élevé car il existe de nombreuses options techniques sont disponibles et peuvent être déployées immédiatement, notamment la réduction de la déforestation et de la dégradation forestière, l’adoption de pratiques agricoles plus durables, la réduction des émissions de méthane et d’oxyde nitreux par l’amélioration des productions animales, et des systèmes d’irrigation rizicoles et le stockage du carbone à travers l’utilisation des bonnes pratiques de gestion des matières organiques et des itinéraires techniques agricoles.

Le Burkina Faso a ratifié la CCNUCC et le protocole de Kyoto respectivement en septembre 1993 et mars 2005. C’est l’un des rares présentant une approche résultats de niveau national et une approche actions/projets/activités. Dans ce contexte, l’évaluation du bilan carbone des interventions gouvernementales dans tous les secteurs d’activité est un besoin important.

Le Ministère de l’Environnement, de l’Economie VErte et du Changement Climatique, au travers du Programme d’Investissement Forestier (PIF), la Banque Mondiale (BM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO), se sont associés pour développer un outil simple pour suivre et évaluer le potentiel de réduction nette des émissions de gaz à effet de serre de programmes de développement rural en combinant l’outil EX-ACT et un système de Suivi-Evaluation géolocalisé.

L’outil d’estimation du bilan carbone des investissements mis en place par le PIF conjugue un Système d’Informations Géographiques pour la collecte des données spatiales, un calcul du bilan carbone, la capitalisation et la diffusion des résultats sous forme de carte interactive publique. LEX-ACT est configuré pour prendre en compte progressivement les variations locales en termes de carbone, ce qui permettra d’avoir des données carbone correspondant à la situation de la zone d’investissement.

Ainsi, le système a permis de produire  un Bilan Carbone de l’ensemble des activités menée par le PIF en analysant la différence de gaz à effet de serre émis ou séquestré entre un scénario avec projet et un scénario de statu quo (scénario de base). Pour une durée d’analyse de 20 ans en utilisant l’outil EX-ACT, le bilan carbone net est de – 8 337 864,50 tonnes d’équivalent CO2, ce qui représente un potentiel d’atténuation de – 416 893,22 tonnes d’équivalent CO2 par an par rapport à un scénario  » sans projet  ».

Les puits de carbone les plus élevés découleront des activités de boisement (-205 873,19 tCO2-éq/an), de la mise en défens (MED) (-144 290,6497/tCO2-éq/an) et de la gestion des forêts (-38 843,46 tCO2-éq/an).

Un intérêt pour tout le monde rural

Selon M. Anass Toudert, pour que le monde puisse se nourrir, nous devons en outre œuvrer en faveur d’un avenir sobre en carbone et résilient au changement climatique. L’importance d’intégrer la sécurité alimentaire, l’agriculture, la sylviculture, l’élevage et la pêche dans l’agenda climatique international ne saurait être surestimée.

Afin de parvenir à un développement plus large et d’améliorer les moyens de subsistance des plus vulnérables, nous devons encourager les institutions d’appui à la politique et les entités de développement à procéder à une évaluation automatique des gaz à effet de serre (GES) des projets de développement, politiques et stratégies utilisant des calculateurs de carbone reconnus internationalement, et promeuvent l’intégration des informations sur le changement climatique dans les programmes de développement et les ateliers de renforcement des capacités pour les décideurs et les institutions d’appui à la politique.

Le Suivi et Évaluation apparait donc comme un élément essentiel pour l’atteinte des objectifs carbone du pays d’une manière efficace. Un tel système permet en effet à tout projet ou programme de disposer d’un dispositif cohérent de planification et de gestion stratégique de ses activités en fonctionde son potentiel carbone.

De cette manière, le Burkina Faso pourra améliorer sa compréhension des émissions de GES notamment pour la planification des investissements agricoles et ruraux et développer sa capacité technique pour réduire l’impacts de son développement en termes de GES.

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